Le besoin en fonds de roulement (BFR) est le besoin de financement qui existe entre le moment où l’entreprise règle ses créanciers et le moment ses créanciers la règlent. On divise ce besoin en deux catégories exploitation/hors exploitation. Le BFR d’exploitation correspond au financement nécessaire à l’exploitation (activité courante de l’entreprise). Il correspond principalement au total des créances (délais accordés aux clients), des stocks (immobilisés dans l’entreprise) auxquels on retranche les dettes (que l’entreprise a envers ses fournisseurs) et qui bien entendu engendrent un BFR chez ces fournisseurs dont nous sommes les clients.
Exemple : une partie de l’actif circulant (200 au total) n’est pas couverte par les ressources non durables (180), à hauteur de 180 – 200 = 20.
Le besoin en fonds de roulement d’exploitation est constitué des stocks et des créances clients. Le volume des stocks dépend du temps durant lequel les marchandises restent dans l’entreprise. Prenons l’exemple d’une entreprise qui fait un chiffre d’affaires annuel de 3000 hT et dont le montant des achats de marchandises représente 40 % des ventes HT. Si l’on suppose que les marchandises restent en stock 30 jours (sur une année qui en compte 360), alors le stock de marchandises à financer s’élèvera à 100. Simplement une règle de proportionnalité : 3 000 x 0,4 x 30/360
Le crédit consenti aux clients, comme celui accordé aux fournisseurs, se calcule TTC, la TVA étant ajoutée aux factures émises vers les clients. En prenant l’hypothèse que 50 % des clients paient à 60 jours et 50 % à 90 jours, le délai moyen de paiement des clients sera de 75 jours (0,5 x 60) + (0,5 x 90).
Si l’on prend un chiffre d’affaires de 3000 TTC annuel, le compte de ce client devra être financé à hauteur de 625 TTC (explication 3.000×75/360).
Les principales ressources d’exploitation sont les financements liés aux dettes fournisseurs. Le délai moyen de paiement clients se calcule à l’identique.
Les besoins hors exploitation comprennent les actifs circulants n’ayant pas de lien direct avec l’exploitation et qui ne peuvent pas être considérés comme de la trésorerie (prêts au personnel ou aux filiales, avances consenties à des fournisseurs d’immobilisations, charges constatées d’avance).
Les ressources hors exploitation proviennent des dettes non financières (tel que les dettes sur immobilisations, le solde de l’impôt sur les sociétés, le montant des dividendes à distribuer.) Des produits constatés d’avance qui ne sont pas affectés à l’exploitation, des dettes fiscales (TVA à décaisser), des dettes sociales (rémunérations dues au personnel, charges sociales dues). Entre le moment où l’on paie le fournisseur et l’on finance les stocks et le moment où l’on encaisse l’argent des clients, il se passe souvent du temps. Le temps crée un BFRE.
Les grandes surfaces accordent peu de crédits aux clients, ont un taux de rotation de stocks élevé, ont largement recours aux crédits fournisseurs. Ils bénéficient donc d’une véritable ressource permanente de financement liée à leur cycle d’exploitation.
Avant les changements de législation (Loi n° 2008-776 du 4 août 2008, la loi du 6 août 2015 pour la croissance), les conditions de règlement étaient de 45 jours en moyenne et les retards de paiement estimés à 16 jours. 30 jours après échéance, on a 90 % de chances de recouvrer la facture. 6 mois après échéance, il ne reste que 40 % de chances de recouvrer votre bien. Le délai moyen de paiement clients, tous secteurs confondus, était d’une soixantaine de jours selon la Banque de France. Les délais de paiement ne peuvent dépasser 60 jours nets, à compter de la date d’émission de la facture (sauf dérogation). Pour les factures périodiques, désormais les délais ne peuvent dépasser 45 jours à compter de la date d’émission de la facture. Ils représentent aujourd’hui autour de 44 jours de chiffre d’affaires pour les délais clients et à 51 jours si on les exprime en achats pour les délais fournisseurs.
Harceler les mauvais payeurs : pour pallier un impayé de 5 000 €, avec une marge de 4 %, vous devez réaliser 120 500 € de ventes supplémentaires.
Le besoin en fonds de roulement est composé d’une partie ” stable ” dans l’année et d’une partie variable. Cette variation correspond aux décaissements qui viennent augmenter le besoin (salaires, fournisseurs) et aux encaissements qui le réduisent (clients). La partie stable doit être idéalement financée par des ressources permanentes (fonds de roulement) et la partie variable par la trésorerie (disponibilités à vue ou facilement mobilisables possédées par l’entreprise). ■
Cause de la plupart des dépôts de bilan, il n’y a pas de solution miracle. Pour avoir le BFR le plus petit possible (négatif c’est encore mieux !), surveillez vos stocks, liquidez les articles qui se vendent mal, faites tourner au maximum, réduisez les besoins liés au financement des clients et faites respecter les délais de paiement. Évitez les impayés et augmentez les ressources issues des dettes et des délais fournisseurs. Quand on a dit ça ! Ceci étant, regardez les normes professionnelles et veillez à être au moins dans la moyenne….