La performance inattendue est indésirable
Une crème hydratante bas de gamme sera toujours jugée moins efficace qu’une marque premium recommandée par une esthéticienne et incarnée par des stars, même si les tests publiés par les associations de consommateurs disent le contraire[1]. Nous pouvons rapprocher ce mécanisme des expériences menées dans les années soixante par un chercheur américain : Rosenthal qui a mis cet effet en évidence, parfois appelé effet pygmalion.
1964 : en donnant 5 souris à des élèves et quelques semaines pour leur apprendre à se diriger dans un labyrinthe Rosenthal et son équipe laissent entendre discrètement à une partie des élèves que leurs souris sont « génétiquement supérieures ». Au bout de quelques semaines, les souris supposées supérieures ont accompli des performances notables, les autres n’ont pas progressé. Il réalise ensuite la « même » expérience avec des humains en prétextant d’une étude pour la « national science fundation » de Harvard sur l’éclosion tardive des élèves surdoués. Il demande aux instituteurs de faire passer un test novateur permettant de dépister les élèves à haut potentiel prêts à faire un démarrage spectaculaire. Le test est en réalité un simple QI standard et les cas pseudo intéressants sont en fait tirés au sort. Les instits sont délicatement informés de l’identité des « prodiges » qui eux ignorent qu’ils sont les élus et un an après on revient voir l’évolution. Les notes des prodiges ont augmenté, ce qui est assez logique, les instits les croyant géniaux, mais plus étrange, le QI (standard) de ces prodiges qu’on leur fait repasser pour l’occasion a lui aussi miraculeusement augmenté. Des exemples spectaculaires un petit mexicain parti de 61 pour arriver à 106 et une jeune fille qui passe de 88 à 128 avec en évidemment, les enseignants qui soulignent la gaieté, la curiosité l’adaptabilité, etc. Ceux dont le nom n’a pas été soufflé au prof continuent sur leur voie de garage. La performance inattendue est indésirable, et à l’inverse, celle atteinte par la crème de l’élite comme par l’élite de la crème antiride, quand on y croit ça se voit ! ■
[1] Nous faisons ici allusion au palmarès de l’UFC-Que choisir de 2016 dans lequel les crèmes hydratantes de luxe s’avèrent être parmi les moins performantes, tandis qu’une crème à 4,92 euros arrive en tête du classement.