Engagez-vous qu’ils disaient !
« C’est en 1971 que Charles KIESLER pose les bases de la psychologie de l’engagement : “l’engagement est le lien qui unit un individu à ses actes”. Sa définition nous apprend que seuls les actes sont engageants. Dans une condition de libre décision, l’engagement sera plus fort ; dans une condition de soumission forcée, l’engagement sera faible. La dissonance cognitive s’intègre dans la théorie plus large de l’engagement.
Dans une situation donnée, un individu est confronté à des forces positives et négatives, ayant pour origine d’autres individus, des normes, des croyances, etc. Lorsqu’il y a conflit entre les besoins résultant de ces différentes forces (c’est-à-dire une impossibilité de satisfaire à la fois des besoins générant approche et évitement), l’individu va adopter un comportement visant au maintien ou au rétablissement de l’équilibre entre les forces en présence, sous peine de provoquer une tension interne qui mette en danger son équilibre psychique.
La dissonance cognitive
La théorie de la dissonance cognitive, due à FESTINGER, est directement issue de ce schéma. En fait, l’intérêt de la dissonance cognitive réside dans l’analyse des mécanismes de réduction de la dissonance. Ce mécanisme peut être mis en équation de la façon suivante : D = Gd (Gd+Gc) où : D est la Grandeur de la dissonance, Gd : Somme des grandeurs des éléments dissonants, Gc : Somme des grandeurs des éléments consonants.
Exemple : À je fume, B je bois de l’alcool, C je sais que le tabac et l’alcool augmentent les risques de cancers et de maladies cardiaques pourtant je veux rester en bonne santé. AB et C sont en dissonance. Pour la réduire, différentes possibilités : Supprimer le nombre d’éléments dissonants : j’arrête de boire ET de fumer. Diminuer le nombre d’éléments dissonants : je fume moins, je bois moins, ou bien j’arrête l’une de ces deux pratiques. Ou : augmenter le nombre d’éléments consonants : » Je connais des centenaires qui fument trois paquets par jour et qui boivent deux litres de vin ! ». Je demande toujours aux étudiants fumeurs d’essayer de sentir la dissonance lorsque je leur explique les méfaits du tabac et qu’ils allument une cigarette à la pause suivante, malaise garanti !
Autre illustration de cette théorie, l’expérience de COHEN à l’université de YALE (USA), en 1959. Suite à une manifestation d’étudiants durement réprimée par la police, et sous prétexte d’alimenter une enquête par des avis qui ne soient pas tous défavorables à la police, on demande à des volontaires de rédiger un article justifiant l’action des forces de l’ordre. Ces volontaires sont rétribués, certains reçoivent jusqu’à 10 $, alors que d’autres ne touchent que quelques cents. Après rédaction des articles, les étudiants étaient invités à répondre à un « vrai » questionnaire relatif à leurs opinions par rapport à l’action de la police. Ceux qui avaient perçu les sommes les plus faibles montraient un changement d’opinion plus important en faveur de la police. Le paradoxe apparent s’explique par le mécanisme de réduction de la dissonance mis en place : ceux qui ont perçu une somme importante peuvent justifier l’écriture de l’article favorable : « on l’a fait pour de l’argent ». Les autres ne peuvent se justifier (vis-à-vis d’eux-mêmes) qu’en modifiant réellement leur opinion sur l’action de la police.
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